Patrick Le Lay condamné pour abus de CDD

Le 13 septembre 2013, la Cour d’appel de Versailles confirme un jugement du Tribunal correctionnel de Nanterre qui avait sanctionné Monsieur Patrick Le Lay pour abus de CDD au sein de TF1.

L’infraction remonte à 2003 : l’Inspection du Travail avait établi que 5 salariés étaient déclarés en tant qu’intermittents du spectacle alors qu’ils travaillaient à longueur d’année sur des postes permanents.

En cours d’instruction, il est apparu qu’il ne s’agissait pas de cas isolés mais d’un système global de management : 40 % des collaborateurs de la chaîne, soit un millier de personnes sur 2.400 salariés, travaillaient sous contrats précaires.

C’est pourquoi le juge d’instruction a décidé de déférer Monsieur Le Lay, dirigeant de l’entreprise à l’époque des faits.

Devant le Tribunal correctionnel puis la Cour d’appel, le prévenu demandait sa relaxe en arguant de délégations de pouvoirs données à ses Cadres.

Et pour cause : si l’infraction à la législation sur les CDD n’est passible que d’une amende pénale, elle est punie d’une peine d’emprisonnement en cas de récidive. La délégation de pouvoirs joue donc comme un fusible, évitant d’exposer le patron de la chaîne à un risque d’incarcération.

Pour le SNRT-CGT Audiovisuel, partie civile, la responsabilité du dirigeant devait être retenue puisque le délit résultait d’une stratégie d’entreprise. Le syndicat dénonçait les ravages sociaux provoqués par le délit, la fraude consistant à faire supporter aux organismes de prestation chômage (Assedic Spectacle, Assedic pigistes) une part du coût de la main d’œuvre TF1.

La Cour d’appel de Versailles écarte les délégations de pouvoirs proposées par Patrick Le Lay et le condamne à titre personnel.

C’est une première. Jusqu’à cette affaire, les opérateurs de l’audiovisuel, épinglés pour infraction à la législation sur les CDD, France 2 en 2000, Canal+ en 2001, M6 en 2009, avaient pu dévier la condamnation sur des dirigeants de second ou troisième rang.

Cette décision est un rappel à l’ordre et au devoir citoyen pour tous les patrons de l’audiovisuel.

Leur responsabilité personnelle est engagée quand ils font supporter aux régimes sociaux une part de la masse salariale.