Les premières formes d’organisation de la classe ouvrière, dans les années 1870-80, sont les caisses de solidarité, d’entraide, rendues nécessaires par le développement des grèves. Créées au cours de la lutte, elles permettent de résister financièrement et elles disparaissent après la grève. Rapidement, ces caisses deviennent permanentes pour former les premiers syndicats de métier, puis les fédérations (1886).
Parallèlement aux syndicats de métier et de corporation, se développent les bourses du travail (ancêtres des unions locales). Ces bourses se chargent de placer les travailleurs, d’organiser une caisse de secours pour les ouvriers de passage dans la région, ou au chômage. De plus, elles se donnent comme tâche importante, l’éducation de leurs membres grâce à des cours d’alphabétisation, d’enseignement général, de formation professionnelle et la constitution de bibliothèques. Ces bourses se fédèrent en 1892 et se déclarent indépendantes de l’état et des partis. Elles ne reçoivent d’ailleurs de subsides, ni des uns, ni des autres. La vie des militants est particulièrement difficile : harcelés par la police, la justice, les patrons, ils subissent à tour de bras les amendes, violences, peines de prison . . .
En 1902, la Fédération des Bourses de Travail et la Fédération des syndicats de métier fusionnent pour donner la Confédération Générale du Travail :La CGT était née.
Cette fusion correspond à un développement des luttes ouvrières à partir de 1900, qui culmine en 1906 avec 438.000 grévistes et le début de la lutte pour la journée de 8 heures.
Cette fusion est aussi celle du syndicalisme “quotidien” (défense des salaires, des horaires) et des idées anarchistes. La nouvelle CGT réaffirme son indépendance par rapport aux partis et à l’état et adopte un fonctionnement fédéraliste.
Parallèlement à ce début de construction des syndicats, une fraction plus avancée de la bourgeoisie entreprend de diversifier la politique de l’état vis-à-vis des syndicats. Ainsi, des tentatives sont menées par Millerand et Briand pour nouer des liens avec les syndicalistes les plus modérés. La bourgeoisie commence ainsi à voir la possibilité d’utiliser les syndicats pour le bon fonctionnement du système capitaliste.
Faiblement structurés, avec une bureaucratie moins développée, corporatistes, les syndicats d’avant la guerre de 14 sont malgré tout des organisations ouvrières vivantes et relativement démocratiques.
La guerre va profondément modifier la place des syndicats. Après avoir voté des résolutions antimilitaristes avant la guerre, la CGT disparaît de la scène au début des hostilités. Quand elle réapparaît, c’est pour inviter les travailleurs à participer à l’effort de guerre, puis à la reconstruction de la France. Mais surtout on assiste à la mise en place des premiers délégués syndicaux, de commissions paritaires, c’est-à-dire le début de participation du syndicat à l’appareil de production et à l’appareil d’état.
La guerre entraînera à sa suite la montée de luttes ouvrières à l’échelle internationale qui provoquera la scission syndicale entre direction réformiste (devenue ouvertement l’agent de la bourgeoisie) de la CGT et direction “révolutionnaire” (soutenant la révolution russe) avec la CGTU (scission en 1921).
La situation de relative prospérité économique de 1921-1929, va permettre à la CGT de devenir majoritaire, grâce à sa politique des négociations-participations qui obtient des résultats.
La crise de 1929 entraînant les grandes luttes de 1936 va relancer les débats sur l’organisation de l’économie et de l’état, et la place des syndicats dans celle-ci. L’accord se fait entre CGT et CGTU sur les nationalisations, le développent des délégués, la nécessité de la lutte contre le fascisme.
La grève de 1936, provoquée par la crise économique, voit la canalisation des revendications ouvrières dans les limites et vers les objectifs choisis par les appareils syndicaux (et politiques). Dans le même temps, cette crise montre à la majorité de la bourgeoisie la nécessité d’instaurer un cadre permanent plus important de concertation avec la classe ouvrière.
C’est ainsi, qu’en plus des congés payés et des augmentations de salaires, les syndicats obtiendront la mise en place de commissions mixtes patron-syndicats, de conseils de discipline mixtes, la reconnaissance des délégués du personnel et les premières nationalisations (armement) : le syndicat devient l’interlocuteur indispensable. Toutes les relations capital-travail légales passent à présent par son canal. Les résultats sont immédiats. La syndicalisation qui a commencé à se développer avec la fusion CGT-CGTU prend une ampleur considérable. Pendant une courte période (jusqu’à la guerre), les syndicats vont devenir de véritables organisations de masse.
Après la guerre, les grandes tendances de l’après 36 se développent : rôle de plus en plus important des syndicats par le développement des nationalisations (45), des heures de délégation (1945), la création de délégués syndicaux au CE (68), la légalisation des sections syndicales d’entreprises (1968) . . . Cependant, les syndicats n’arriveront pas à stabiliser la masse des ouvriers qu’ils peuvent recruter dans les périodes
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